Place d'Armes

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La place d'Armes est une grande place royale située au centre-ville de Metz. Elle a été construite selon les plans de Jacques-François Blondel sur l'ancienne place devant le Grand Moûtier et sur les vestiges de plusieurs édifices religieux. Située au croisement de la rue des Jardins, de la rue du Chanoine Collin, d'en Fournirue et de la rue d'Estrée, elle est entourée par l'ancien corps de garde, l'ancien Parlement, la Cathédrale Saint-Étienne et la mairie.

Histoire

Moyen Âge

Au XIIIe siècle la place, nommée place devant la Grande Église ou place devant le Grand Moûtier (étymologiquement, devant le grand monastère, mot qu'on retrouve dans le (Neu)Münster allemand ou (West)Minster anglosaxon) sert de place centrale de la ville. À la construction de l'église Notre-Dame de la Ronde, cette place a été largement réduite [1]. En 2022, son emprise correspondrait au quadrilatère situé entre l'aile sud de la mairie, l'angle de la rue Fabert, l'angle de la rue Blondel et le portail d'entrée sud-est de la cathédrale Saint-Étienne.

Renaissance

Au XVIe siècle, la place sert désormais de place d'Armes dans la ville militaire de Metz. La place est bordée par la nouvelle cathédrale Saint-Étienne au nord-ouest, le cloître de Saint-Chrodegang au nord-est (sur la place d'Armes actuelle), et le Palais des Treize au sud-ouest (sur la place Jean-Paul II actuelle). À la fin du siècle, en 1686 et 1691, la ville envisage l'idée de construire une grande place.

XVIIIe siècle : les grands travaux de Blondel

Le Champ à Seille était la grande place de Metz au Moyen Âge

En visite en 1744 à Metz, le roi Louis XV souhaite une place d'Armes rectangulaire et symbolisant les quatre pouvoirs (religieux, militaire, bourgeois et royal) dans une ville qui ne dispose plus de grande place suite à la disparition du Champ à Seille (image ci-contre). Il ordonne au maréchal de Belle-Isle son exécution. En 1731, Belle-Isle décide d'agrandir la place, jusqu'alors accessible seulement en Fournirue et par la rue derrière Saint Gorgon (aujourd'hui disparue), en ouvrant les rue des Jardins, la rue du Chanoine Collin et en faisant prolonger le passage du Palais épiscopal dans une grande voie vers la place de Chambre sans passer par la place Saint-Étienne.

En juillet 1754, le maréchal de Belle-Isle demande à Jacques-François Blondel de réaménager la place nommée désormais place d'Armes [2] sur l'ancienne place devant le Grand Moûtier (toujours comprise dans l'espace entre les statues et le bâtiment du parlement aujourd'hui). Pendant quatre ans, les expropriations s'enchaînent. La construction se fera jusqu'en 1770. Blondel fait raser le cloître de la cathédrale et le jardin du Chapitre, le logement des musiciens et ses maisons attenantes, la chapelle Saint-Paul, la chapelle des Foës (dite Notre-Dame des Lorette, tous ces bâtiments se situant au centre de notre place actuelle), la chapelle de Saint-Pierre-le-Vieux (emplacement actuel du bâtiment de l'office de tourisme), la chapelle des Lorrains (sur la place, côté cathédrale), la petite collégiale de Saint-Pierre-aux-Images, un ensemble de petites maisons, et le grenier du Chapitre (tous trois à l'emplacement actuel de l'Hôtel de Ville). Le sol est aussi arasé et abaissé de cinq mètres entre la rue du Four du Cloitre et le parvis de la cathédrale.

En 1762, le maréchal d'Estrées, successeur de Belle-Isle, fait poursuivre les travaux. De 1766 à 1771, Blondel fait construire par Gardeur-Lebrun le nouvel Hôtel de ville sur le grenier du chapitre, d'une façade de 30 mètres de long. Les deux frontons sont sculptés par Rollier et les portes en grilles par Joseph Cabossel et Pierre Janin. L'aile sud, côté Fournirue est terminée entre 1785 et 1788 sur les ruines de l'église Saint-Gorgon. Le siège de la politique messine était jusqu'en 1765 situé dans le Palais des Treize, mais cet emplacement doit désormais accueillir le nouveau Parlement dont seule la façade sera construite. Il fait aussi construire le Corps de Garde en face du parlement.

Article détaillé : Jacques-François Blondel

Les deux frontons sur la façade de la mairie sont construits par Rollier et les grilles forgées par Joseph Cabossel et Pierre Janin [2]. Blondel construit en face de la mairie, tout autour de la cathédrale, des galeries dans le même style, avec deux pavillons dans chaque angle où s'installent des commerces et restaurants jusqu'en 1860 où les boutiques sont détruites jusqu'en 1882. Et 1764, Blondel construit enfin le nouveau portail de la façade sud de la cathédrale, qui sera démonté en 1898.

Article détaillé : Cathédrale de Metz

En 1771, la place est alors séparée en deux par les deux trophées situés au sud et reliés entre eux par des chaînes. La place devant le Parlement est renommée place devant le Palais, jusqu'à l'unification des deux places en 1842 [1].

En 1792, juste après la Révolution, on renomme la place d'Armes en place de la Loi et on y plante un arbre de la Liberté en plein milieu le 20 mai [2].

XIXe siècle : changements de noms successifs

En 1806, quelques mois avant la première visite de Napoléon Ier à Metz, la place s'appelle place Napoléon le 18 janvier. Puis le 1er juillet 1816 elle est renommée place de l'Hôtel de Ville avant de redevenir place Napoléon le 27 juillet 1833.

Entre 1875 et 1918, sous l'occupation allemande, elle devient Paradeplatz. Le 27 novembre 1878, on rénove la place pour y faire passer le tramway de Metz. La ligne permet de relier la gare de la place du Roi George à la gare de Devant-les-Ponts. Elle est inaugurée le 5 mai 1902 [2].

XXe siècle

En 1918, après la guerre, la place redevient place d'Armes puis, à nouveau, durant la Seconde Guerre mondiale, entre 1940 et 1944, redevient Paradeplatz. Elle retrouvera son nom définitif à la libération, fin 1944.

Origine des dénominations

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Place devant la Grande Église

Place devant le Palais

Place de la Loi

Place Napoléon

Place de l'Hôtel de Ville

Paradeplatz

Place d'Armes

Bâtiments et monuments

Statue du Maréchal Fabert et trophées

Sur la place, côté Parlement, une statue du Maréchal Fabert est fondue dans la Fonderie de Richard Eck et Durand en 1840, construite par le sculpteur Antoine Etex. Elle est attachée par deux chaines à deux trophées, sculptés en 1767 par Pierre-François Le Roy (1739-1812) et séparant l'ancienne place d'armes de la nouvelle créée par Blondel entre 1754 et 1842 (lire plus haut).

Les socles des trophées étaient assez grands pour servir d'échoppe à des boutiques et marchands de fruits [2]. Jan & Joël Martel (1896-1966) ont sculpté les bas-reliefs et le blason qui ornent le socle [3]. Transformés en fontaines publiques en 1825, les trophées sont démontés puis remontés en 1841 par le sculpteur Deny, prenant leur taille actuelle [2]. La statue, quant à elle, est inaugurée le 30 novembre 1842 [4],[3]. Sur de nombreuses photos du début du XXe siècle, le Monument Fabert trône côté parlement, faisant face à la place.

En juin 1940 durant l'occupation allemande, les statues sont déboulonnées et stockées dans le jardin du Couvent des Pères Franciscains de la rue Marchant [5]. En décembre 1944, les statues sont remises en place, dont celle de Fabert qui revient sur la place d'Armes, sur un nouveau socle, à son emplacement d'origine.

Dans les années 50, le monument est transféré face à l'office de tourisme, toujours pointant en direction du centre de la place, sur un nouveau piédestal en pierre de Jaumont avec quatre reliefs. Les deux trophées sont toujours de l'autre côté, face au bâtiment du Parlement.

D'abord inscrite dans le premier socle, une citation du maréchal [4] a été réécrite sur une plaque de bronze fixée sur le nouveau socle en pierre :

SI POUR EMPECHER QU’UNE PLACE QUE LE ROI M’ A CONFIEE NE TOMBAT AU POUVOIR DE L’ENNEMI, IL FALLAIT METTRE A LA BRECHE MA PERSONNE, MA FAMILLE ET TOUT MON BIEN, JE NE BALANCERAIS PAS UN MOMENT A LE FAIRE

.

Sur les autres faces on retrouve les armoiries de Fabert et ses dates (1599-1662), les cinq blasons d'Arras, Stenay, Landrecies, Saint-Jean de Losne et Suse en Piémont, et les cinq blasons de Sedan, Selestat, Haguenau, Benfeld et Colmar entourés de la maxime Fortitudo Caritas [3].

Faits et anecdotes

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  • Durant l'annexion allemande de 1870, la relève de la garde du régiment prussien en garnison à Metz se fait tous les jours à 12h30 sur le place, qui borde le corps de garde de Metz.
  • En mai 1903, de grandes festivités sont préparées sur la place à l'occasion de la visite de l'empereur Guillaume II qui vient inaugurer le nouveau portail de la Cathédrale de Metz [6].
  • Le roi Louis XV, en visite à Metz en 1744, a tenu que la place soit une place d'Armes et non une place royale, symbole d'une ville de garnison.
  • Dans les années 1870, on trouve le restaurant de Louis Metzger dans la voûte Blondel, qui est encore une voûte fermée à cette époque. Le restaurant Zum Monde et situé au même endroit que le bar À la Lune dont l'entrée se trouve dans la voûte. La Lune a été le plus ancien café de Metz : ouvert en 1838, il est dirigé entre 1904 et 1909 par Paul Vautrin, futur maire de Metz. Il ne fermera qu'en 2021 pour devenir Café Blondel. Haut lieu de la vie associative messine, il a été fréquenté au XIXe siècle et début du XXe siècle par les artistes, le gratin messin et la communauté homosexuelle.
  • Le 5 mai 1902, la première section du tramway électrique de Metz est ouverte. Elle traverse la place d'Armes en provenance de Montigny et en passant par la place du roi George et la rue du Palais, puis se dirigeait vers la rue des Jardins, le Pontiffroy jusqu'à la gare de Devant-les-Ponts [Note 1].
  • Au début du XXe siècle, on trouve également le Café central au n°14 (Montecristo en 2013), le magasin Voelk-Esch au n°18 (Tolub en 2013), le vendeur de tabac Wilhelm-Ebenau (pâtisserie Jean en 2013), et le restaurant Furst au n°16 (Max Mara en 2013). Le magasin de textiles et literie Samuel Levy se trouve au n°13 (l'Atelier du Sourcil en 2022) [Note 1] [Note 2].
  • À l'emplacement de Saint-Pierre-le-Vieux a été construit le corps de garde, devenu une caisse d'épargne, puis après 1918 les Bureaux de la Place, des logements militaires et enfin le syndicat d'initiative et office de tourisme.
  • La place était conçue pour être le centre des quatre pouvoirs : religieux (Cathédrale Saint-Étienne), judiciaire (Parlement), politique (Hôtel de Ville) et militaire (corps de Garde).

Références

  1. 1,0 et 1,1 (fr) WAGNER Sébastien, Dictionnaire historique des rues de Metz, Metz : Editions Serpenoise, 2009 (ISBN 978-2876927919)
  2. 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 et 2,5 (fr) BERRAR Jean-Claude, Metz au début du XXe siècle, Metz : Editions Serpenoise, 2006 (ISBN 978-2876927513)
  3. 3,0 3,1 et 3,2 (en) VAN DER KROGT René, Peter, « Abraham Fabert » sur vanderkrogt.net (consulté le 1er novembre 2022)
  4. 4,0 et 4,1 (fr) Patricia, « Monument au maréchal de Fabert – Place d’Armes – Metz » sur e-monumen (consulté le 1er novembre 2022)
  5. (fr) DI GENOVA Bérangère, « Savez-vous où se cachaient Ney et Fabert pendant la Seconde Guerre mondiale ? » sur Le Républicain Lorrain (consulté le 30 octobre 2022)
  6. (fr) BARBIAN Fabrice, FLAYEUX Isabelle, Metz d'antan, Metz : Hervé Chopin éditions, 2011 (ISBN 978-2357200784)

Notes

  1. 1,0 et 1,1 Photographies du début du XXe siècle. Voir notamment page 16 de l'ouvrage suivant :(fr) BERRAR Jean-Claude, Metz au début du XXe siècle, Metz : Editions Serpenoise, 2006 (ISBN 978-2876927513)
  2. Photographies du début du XXe siècle. Voir notamment page 10 de l'ouvrage suivant : (fr) BARBIAN Fabrice, FLAYEUX Isabelle, Metz d'antan, Metz : Hervé Chopin éditions, 2011 (ISBN 978-2357200784)

Bibliographie

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  • (fr) BIGOT, Léon, Metz-la-Lorraine, récit de voyage, Paris : Aux bureaux du Voltaire, 1904 (ISBN 9782019216580)